Marie Primat
J’ai toujours eu à cœur de transmettre le tango de manière équilibrée en permettant à chacun des danseurs de trouver sa juste place dans cette relation dansée.
J’ai développé une double compétence : guideuse et suiveuse. Je connais les plaisirs et les difficultés des deux rôles. Et mon enseignement est toujours la somme de ces deux regards.
Je danse depuis 2003, j’ai proposé au sein de l’association pendant deux années, des cours de technique femme de manière hebdomadaire. Puis, je me suis longtemps formée au guidage, à la lecture des corps, à la compréhension de l’effet papillon entre les deux rôles. Je suis allée chercher des réponses mais aussi des pistes de travail auprès de maestros tel que Carlito, Dario Da Silva, Stephanie Fesneau et Fausto Carpino , Judith Elbaz et Christophe Lambert. Bref, j’ai entrepris le tango comme un sujet d’étude de par sa complexité mécanique mais aussi relationnelle.
Les rôles sont différents mais chacun contribue à rendre cette rencontre dansée unique. Les questions de part et d’autres se conjuguent : Comment être active sans prendre le contrôle ? Comment être suffisamment à l’écoute sans être soumise ? Comment proposer sans imposer ? Comment initier le mouvement et le suivre sans le contraindre ? Comment faire pour que l’autre ne s’ennuie pas ?
J’ai construit mes cours avec deux enjeux clairs, former des guides avec lesquels j’aurais du plaisir à danser et des interprètes que j’aurais plaisir de rencontrer sur la piste de danse. Dans les cours, Les rôles ne sont pas genrés et chacun est libre de s’inscrire dans un rôle .
J’utilise le terme GUIDE et INTERPRETE plutôt que guideur/suiveur, leader/follower ou homme/femme car aujourd’hui pour moi le tango est une affaire de rôle et non de genre. De plus le rôle de l’interprète est bien plus large que de simplement suivre les directions du guide.
Mes objectifs sont de travailler à rendre notre danse confortable, joueuse et musicale sans perdre de vue que nous nous inscrivons dans un espace plus grand, celui du bal et que cela implique une attention envers les autres couples et notre manière d’interagir avec eux. C’est-à-dire un respect du bal et des lignes de danses.
Que la danse soit confortable cela signifie pour moi, un abrazo souple mais présent, en tant que danseuse je déteste que l’on me manutentionne. C’est aussi un guidage précis qui met l’interprète en sécurité et lui permet de prendre sa place. C’est un dialogue fait de propositions et d’interprétations, des corps qui se répondent dans une qualité d’écoute réciproque.
Que la danse soit joueuse, proposer des structures qui surprendront l’autre sans l’inquiéter, se former à accepter la surprise et sortir de ses conditionnements. Permettre aux interprètes d’avoir toute sa place et d’être force de proposition.
Que la danse soit musicale. La musique c’est notre socle commun. Tout se construit à partir de ce que l’on entend. Nos pas, nos structures sont au service de notre interprétation musicale. Cette musique que l’on partage et qui nous relie est la base de notre complicité.
Ces objectifs prennent du temps mais au fur à mesure vous gagnerez en connexion avec l’autre, en relation au sol, en musicalité et en plaisir de danse. Petit à petit , vous esquisserez le danseur-euse que vous avez envie d’être, vous affirmerez votre présence et votre style en donnant une texture à votre danse pour que vous puissiez devenir lourd pinceau plein de gouache, plume légère trempée à l’encre de chine, machine à écrire à la frappe tout en rythme, boîte de craies multicolores, fusain rehaussant les ombres et les contrastes…